SCIENCES PO
Premier cycle est-européen de Dijon



Institutions politiques comparées
1ère année





Dossier n°1

MÉTHODOLOGIE DU DROIT CONSTITUTIONNEL





Cours de M. Olivier CAMY





Joindre vos enseignants :
O. CAMY : jeudi et vendredi après midi
Tél. professionnel : 0380391934 (Faculté de droit de Dijon).
Mel : oycamy@droitconstitutionnel.net
Site Web : http://www.droitconstitutionnel.net.


BIBLIOGRAPHIE ÉLÉMENTAIRE du droit constitutionnel :
I ouvrages indispensables :
- le texte de la constitution française actualisé disponible sur le net
- un lexique juridique
- un manuel : par exemple le manuel de G. Burdeau, F. Hamon et M. Troper, LGDJ ou de P. Pactet, Colin
- un recueil d'exercices constitutionnels
nota : des ouvrages anciens achetés d'occasion conviennent parfaitement
 
II ouvrages et périodiques utiles à consulter en bibliothèque :
- ouvrages :
' un recueil de constitutions françaises et étrangères
' un manuel ancien (ceux d'A. Hauriou, de G. Burdeau par exemple)
' un ouvrage sur l'histoire des régimes français (Cf. J.J. Chevallier, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à nos jours, Dalloz, M. Morabito et D. Bourmand, Histoire constitutionnelle et politique de la France, Montchrestien)
' un ouvrage sur le Conseil constitutionnel (Cf. L. Favoreu et L. Philip, Le Conseil constitutionnel, QSJ, PUF/ H. Roussillon, Le Conseil constitutionnel, PUF)
' un ouvrage sur la pratique constitutionnelle (Cf. J. Chapsal, La vie politique sous la Ve République, PUF)
' les documents d'études à la Documentation française
' les annales corrigées

- périodiques :
la revue Pouvoirs, la Revue Française de Droit Constitutionnel., la Revue de droit public et de science politique (RDP)
le journal Le Monde (avec des réserves: trop d'artcles sont maintenant peu informés et engagés).

Plan du cours au premier semestre :

Avant propos :
a) présentation du cours
b) bibliographie
c) plan
d) méthodologie générale (dissertation / cas pratique)

Titre 1: les catégories classiques du droit constitutionnel occidental

Chapitre I : les concepts fondamentaux
Section 1: l'État
Section 2 : la Souveraineté
Section 3 : la Constitution

Chapitre II : les principes régulateurs

Section 1 l'État de droit Section 2 la représentation démocratique Section 3 la séparation des pouvoirs Section 4 la protection des libertés

Chapitre III : les formes d'Etat

Titre 2 : les régimes organisés par le droit constitutionnel occidental

Chapitre I : les sources anglaise, américaine et française
Section 1 le régime parlementaire à l'anglaise
Section 2 le régime présidentiel à l'américaine
Section 3 le régime semi-présidentiel à la française
 
Chapitre 2 : les nouvelles démocraties à l'Est
Section 1 la Pologne
Section 2 la République tchèque
Section 3 la Russie



Travail à faire pour les conférences :

Un dossier est fourni pour chaque conférence. Il permet d'approfondir le cours et de s'entraîner sur des exercices qui seront donnés à l'examen. À partir de ce dossier et des indications fournies par le maître de conférences, il convient pour chaque séance d'effectuer les travaux suivants :

1) Recherche de définitions :
Attention, le simple recopiage des définitions fournies par les lexiques ne suffit pas. Certaines définitions ne sont pas données par les lexiques : elles doivent être reconstruites à partir du cours ou des manuels. D'autre part, l'étudiant doit être capable de montrer sa compréhension des notions par exemple en les illustrant.

2) Étude des documents fournis :
Attention, il ne suffit pas de lire ces documents. L'étudiant doit s'assurer de la bonne compréhension de ces documents en les résumant ou en faisant des recherches dans les manuels.

3) Les exercices :
Chaque dossier contient des sujets de dissertation ou des cas pratiques.
Cas pratiques : les dossiers ne contiennent pas forcément des cas pratiques complets mais ils contiennent toujours des questions sur les documents que l'on peut retrouver dans des cas pratiques.
Il n'y a pas de méthodologie du cas pratique. Il convient simplement d'apporter des réponses structurées aux questions posées. Ces réponses doivent toujours s'appuyer sur des dispositions constitutionnelles et une qualification juridique des faits. L'étudiant s'efforcera en conséquence d'étudier une situation pour justifier l'application de telle ou telle disposition. Si plusieurs interprétations d'une disposition constitutionnelle sont concevables, il devra les exposer et donner les raisons de ses préférences pour une de ces interprétations.

Dissertations : les dossiers contiennent toujours des sujets de dissertation qui pourront être traités de manière complète ou sous forme de plan détaillé. Une méthodologie de la dissertation est fournie à la fin de ce dossier.
L'étudiant s'aidera du cours, des recueils d'exercices et des annales corrigées (SPO, DEUG droit). Attention au choix du plan qui conditionne grandement la note donnée. Le plan théorie/pratique doit être utilisé avec une très grande précaution. En effet, l'étudiant est tenté d'assimiler la théorie au droit écrit et la pratique à la vie politique ou ses usages pour finalement les opposer... et donner raison à la pratique. Cela revient en conséquence à faire du droit écrit un droit irréel et à donner à la pratique statut de droit réel. Bref, le droit constitutionnel, la Constitution sont niés et la dissertation devient une dissertation sociologique. Cette perspective conduit au mieux à des développements très audacieux, au pire à des développements erronés.


Petit lexique de Droit constitutionnel :

Les outils de l'analyse juridique :

droit/fait : distinction fondamentale. Le juriste privilégie évidemment l'étude de ce qui existe en droit (c'est-à-dire le comportement des individus tel qu'il doit ou peut être d'après les normes juridiques en vigueur) par rapport à ce qui existe en fait (c'est-à-dire le comportement réel des individus conforme ou non aux normes juridiques).
En droit constitutionnel, le juriste devra partir de l'étude de la Constitution, mobiliser toutes les dispositions constitutionnelles concernées pour déterminer le comportement autorisé des individus. Dans un cas pratique, le juriste utilisera selon le cas des éléments de la Constitution en vigueur ou d'une Constitution fictive.
 
droit écrit/coutume : distinction pertinente surtout dans le droit constitutionnel anglo-saxon. En France, le droit constitutionnel est écrit, c'est-à-dire a été édicté par un organe compétent sous la forme d'une loi constitutionnelle (Cf. actuellement la Constitution de 1958). En Grande Bretagne, le droit constitutionnel est écrit et coutumier. Dans le dernier cas, il est le produit d'usages sanctionnés par les tribunaux.

texte/application : la Constitution de 1958 en vigueur se présente comme un texte dont la signification est censée guider le comportement des individus. Ces derniers font une application du texte qui peut lui être conforme ou non.  Le juriste se doit de connaître le texte constitutionnel mais aussi son application qui a pu évoluer depuis 1958.

usage ou pratique constitutionnelle : terme équivalent pour désigner la manière habituelle d'appliquer ou d'interpréter un texte constitutionnel par un organe non juridictionnel.
- pour l'application : il s'agit de l'application d'un pouvoir prévu par la Constitution. Ce pouvoir peut être ainsi non utilisé comme le droit de dissolution sous la IIIème République à partir de 1877. Ce type d'usage a souvent une cause en partie politique.
- pour l'interprétation : il s'agit de l'interprétation d'une disposition constitutionnelle qui peut être restrictive ou extensive. Par exemple, les pouvoirs présidentiels sous la Ve République sont généralement interprétés de manière extensive. Les usages interprétatifs ont souvent aussi une dimension politique.
Les usages ou pratiques contrairement aux coutumes n'ont pas de valeur juridique. Ils ne lient pas les organes constitutionnels et ne sont pas sanctionnés par les tribunaux. Dans le monde anglo-saxon, on les appelle « conventions de la Constitution ».  
 
sens littéral/construit : distinction utilisable pour l'interprétation d'un texte ou d'une disposition en vue de son application.
- le sens littéral est le sens apparent  d'un texte ou d'une disposition.
- le sens construit est le sens tiré d'un texte ou d'une disposition grâce à un raisonnement juridique en vue de l'application à une situation. Par exemple, la Constitution de 1958 ne parle pas explicitement de la possibilité de renvoi du Premier ministre par le Président de la République. Il faut procéder à une interprétation constructive de l'article 8 pour déterminer si le Président de la République peut renvoyer ou non le Premier ministre.

lettre/esprit : distinction utile pour l'interprétation d'un texte ou d'une disposition.
- la lettre : c'est le sens littéral ou apparent
- l'esprit : c'est l'idée générale qui a présidé à l'élaboration d'un texte et continue à l'animer. Par exemple, l'esprit de notre Constitution de 1958, c'est un parlementarisme original incorporant des traits présidentiels compte tenu de la position d'arbitre du Président de la République.
Le juriste devra se guider sur l'esprit d'un texte pour l'interpréter (et comprendre son application) si le sens littéral ne fournit pas la solution.

transgression/violation : distinction utile pour apprécier la conformité ou non d'un comportement par rapport à une norme juridique
- transgression : non respect par un acte ou une norme de l'esprit et non de la lettre d'une disposition juridique. La transgression n'est pas nécessairement considérée comme une violation. Ainsi, sous la Ve République, elle n'est pas sanctionnée pour ce qui concerne le respect de la Constitution par les actes de l'Exécutif.
- violation : non respect par un acte ou une norme d'une disposition juridique. Dans le cadre du droit constitutionnel non juridictionnalisé (non soumis à interprétation et à contrôle du Conseil constitutionnel), la violation n'est violation que de la lettre de la Constitution. Pour le droit constitutionnel juridictionnalisé, le Conseil constitutionnel ne s'en tient pas au seul respect de la lettre de la Constitution mais fait prévaloir l'esprit (par le biais d'une décision de non conformité ou d'une réserve d'interprétation).
 
régime constitutionnel/politique : distinction utile pour construire  et utiliser une typologie des formes d'Etat :
- régime constitutionnel : organisation juridique d'un État déduite d'une Constitution
- régime politique : organisation juridique et politique d'un État déduite d'une Constitution et des usages politiques.
Généralement les typologies en droit constitutionnel utilisent des variables de fait (ordre de la science politique) et donc  classifient  des régimes politiques.
Ex. : le régime politique en Grande Bretagne est dit parlementaire. En effet, la responsabilité du Cabinet (élément essentiel du parlementarisme) se déduit non de la Constitution mais des Conventions de la Constitution.  
 
Annales :

exemples de sujets de dissertation :

- fondements et limites de l'idée d'Etat de droit
- une Constitution suffit-elle à protéger les libertés ?
- le régime américain si l'on examine la Constitution et la pratique est-il réellement présidentiel ?